28 juillet 2005

Résolutions manquées

Je ne sais si c'est une question de génération ou de tempérament ou des deux, mais j'ai un sérieux problème avec les résolutions. Contrairement à plusieurs, pour moi, se « résoudre à » est synonyme de se « restreindre à ». C'est un signe de faiblesse, même si mon dictionnaire m'indique que résolution s'accroche à détermination. Détermination minable, oui. J'admets que mon propos s'enferme dans un cadre nietzschéen, mais tout de même, je laisse aux petites gens ce vulgaire plaisir de la résolution.
Ma patte gauche a déjà griffonné, dans un temps de désarroi social intense, une longue liste de résolutions aussi minables les unes que les autres: arrêter de fumer, cesser de me masturber aussi souvent, boire moins, écrire plus, faire de l'exercice, etc.

Arrêter de fumer: j'adore fumer, surtout lorsqu'il vient le temps d'écrire ou de dessiner. J'arrête et immanquablement je recommence lorsque je m'apprête à créer. Je m'assieds quelque part, prend le crayon et à ce moment crucial, il me manque un outil essentiel. Créer est destructeur. Je ne me conçois pas créer en santé, en compagnie de cette nouvelle idéologie bourgeoise où l'être humain se doit être sain. Non merci. Sainteté = productivité. Je suis anti-productif, voilà l'origine de ma grandeur. Je préfère alimenter une habitude totalement irrationnelle que de me plonger pieds joints dans le merveilleux monde de la rationalité. Quand je fume, je me sens vivre, car vivre est irrationnel. Si j'appliquais la même logique qui propulse le discours anti-tabac à l'ensemble de l'activité humaine, c'est bien simple: je me tuerais. Il deviendrait absurde de vivre. Avant, fumer était conventionnel donc on se devait d'arrêter. Aujourd'hui, fumer est un acte politique, anti-conformiste. Lors des prochaines élections, j'irai chercher mon bulletin de vote, je le sortirai en cachette de l'isoloir, m'installerai confortablement sur quelques marches perdues, et me roulerai une cigarette avec cette démocratie imposée qui m'a tant déçu.

Fréquence masturbatoire : rien, mais absolument rien, sauf une morale abaissante, justifie cette drôle de résolution. À bien y penser, j'aime mieux me savoir capable de me masturber deux fois par jour plutôt que de me savoir indifférent au plaisir sexuel; j'aime mieux me savoir sexué qu'asexué. Je devrai plutôt m'inquiéter lorsque je n'aurai plus d'activité sexuelle quotidienne.

L'alcool : besoin d'évasion. La condition de l'humain moderne exerce une pression insoutenable sur celui-ci. J'aime mieux me savoir alcoolique que dépendant annuel de voyages bucoliques effectués au détriment de d'autres peuples. Mon alcoolisme remplace la surconsommation de spectacles minables; mon alcoolisme me permet de surpasser l'humaine condition contemporaine. Mon alcoolisme est un spectacle avec moi-mêm. Mon alcoolisme est une gifle et un déni, mon alcoolisme est une riposte contre les avatars de ce qu'on exige de mon humanité.

L'acte d'écrire: j'écris lorsque cela est nécessaire. Point. Ni plus, ni moins. Tout ce que je peux chercher à faire est d'écrire mieux. La fréquence est illusoire.

Exercice : c'est mon degré de mouvance (ma portée) qui détermine mes activités. Je m'active en fonction de ma mouvance ; je ne dirige pas mes déplacements en fonction de mes activités. Beaucoup de gens se déplacent pour ensuite se mouvoir ; moi, je me meus en me déplaçant. Beaucoup de gens se déplacent afin de rejoindre un lieu pour s'y plaire; moi, je me déplace en me plaisant. Je marche et je me bicycle. L'absurdité moderne: le vélo stationnaire. Sa mère ? L'automobile.

Ma seule résolution vraiment valable : être intègre avec mes choix.

5 non-dit(s):

Blogger -flemay- non-dit ceci...

Deux ou trois auto-critiques (car à bien y penser, je n'aime pas ce texte).

Boire et fumer sont des activités qui nuisent considérablement aux performances sexuelles. Celles-ci feront en sorte, justement, qu'à 40 ans, je serai impuissant. (frissons de peur)

Je prêche l'irrationnalité pour le tabac, mais la rationnalité pour le choix de notre moyen de transport. L'automobile est un choix très égoïste et irrationnel... (Or, je considère tout de même que les impacts sociaux/environnementaux/économiques des véhicules motorisés est de loin plus considérable que ceux du tabagisme, mais ce n'est pas assez pour justifier ma vision bigle.)

Bref, je ne suis pas intègre dans mes pensées; ce texte est de la foutaise numérique. Voilà des octets qui se retrouveront dans l'immense dépotoir des mots oubliés.

Il fut publié car je me donne droit à l'erreur dans mes carnets, mais si ceux-ci sont publics.

23:09  
Anonymous Anonyme non-dit ceci...

Les êtres qui sont perpétuellement en contradiction avec eux-mêmes me rappellent que je ne suis pas tout seul.

Toi aussi, t'es de la merveilleuse, fantastique, d'une innommable beauté et d'une gloire magnificente, région de Gatineau?

10:36  
Blogger -flemay- non-dit ceci...

Premièrement, Robin, puisque tu es mon premier commentateur officiel, tu gagnes deux billets aller-retour de nul part pour un ressourcement dépressif dans la belle cité de Gatineau.

Deusio, oui, oui, je suis originaire de cette ville. Depuis que je l'ai quitté, je m'applique à comprendre pourquoi je ne l'aime pas. C'est autant rationnel qu'émotif, encore deux états contradictoires, dignes de nous, êtres constamment abivalents.

À la tienne cher frère d'origine.

10:50  
Anonymous Anonyme non-dit ceci...

Génial comme prix. Vraiment. Super.

Si tu prends une mappe du Québec et que tu t'imagines que c'est un animal, remarque que Gatineau serait bien placé pour être le trou de cul.

11:25  
Blogger -flemay- non-dit ceci...

Hahahaha ! Remarque alors que le Québec chie sur Ottawa. Comme quoi, l'évolution historique d'un peuple est plus liée à sa géographie que d'autres choses.

11:34  

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