Jeudi, jour de paie et après deux semaines de dur labeur (!), je me suis gâté. Directement d'un Bureauphile encore tout chaviré par un réaménagement en cours, je me suis procuré plusieurs pinceaux et de l'encre de Chine.
Après ces achats, Arrivé chez moi, j'étais excité comme un petit garçon ayant reçu un nouveau jouet. Je me retrouvais dans mon enfance en fait, car si ma mémoire est bonne (chose qui est loins d'être assurée), je n'ai pas touché à de pinceaux (hormis pour occuper une activité très adulte, c'est-à-dire banalement repeindre en une seule couleur de grandes surfaces de murs), je n'ai pas, dis-je, utilisé de pinceaux dans une intention véritablement créatrice depuis la maternelle. Suite aux frustrations issues de l'utilisation d'un stylo-bille pour l'encrage de ma
bd érotique, après consultation auprès d'Internet, il m'est rapidemment apparu que le pinceau était LA solution magique pour un rendu de qualité.
Après m'être Une fois confortablement installé avec tous mes outils, ma main gauche entreprend avec fébrilité la découverte de ce médium. Je prends un pinceau -- le plus fin --, le trempe légèrement dans l'encre et m'applique à dessiner un contour féminin. Aïe! Le trait est d'une épaisseur improbable. Patient, je recommence, trace quelques lettres: c'est avec peine qu'on peut lire ce qui est écrit. Inquiet, je m'essaie avec un crâne, forme dont je maîtrisais le dessin avec brio lors de mon adolescence; peine perdue, le résultat est affreux. Je dépose alors le pinceau devenu source d'illusions: criss de marde! Débordant d'un optimisme stupide quelques minutes plus tôt, me voilà amèrement déçu.
N'appréciant guère la déception, surtout pas de moi-même, je me ressaisis. J'admets avoir été particulièrement con en pensant qu'il suffisait d'avoir les bons outils entre les mains pour créer un «beau dessin», une belle courbe, une silhouette excitante. Pour y arriver, ça demande du putain d'effort, et surtout, du travail, mon ennemi juré. [Soit dit en passant, effort n'est pas synonyme de travail...]
C'est l'orgueil qui m'a sauvé. Malgré ma paresse légendaire, je n'arrive pas à admettre que je sois
incapable de faire quelque chose. Lorsque je bute sur un obstacle, je lâche un gros soupir et quelques sacres bien placé, je rechigne et rouspète, et devient subitement laborieux. Bref, je me mets à griffon
ner toute la soirée, je souille une grande quantité de feuilles, pour en arriver enfin à ça:
Ce n'est pas un chef-d'oeuvre, mais ça m'a permis de retrouver ma confiance en moi. Une fois l'essentiel retrouvé, j'ai pu véritablement créer. Voilà la longue genèse de mon premier véritable dessin à l'encre Chine.
Celui-ci est inspiré Il est tiré d'une scène qui me hante depuis que j'ai écrit mon
conte de la sorcière chagrine. Ma première intention était de m'inspirer du sensuel conte de
CindyBi, mais je me suis laissé tenter par la facilité.